Voyage Extraordinaire sur le Continent des Epopées by Arthur Ténor

Auteur:Arthur Ténor [Ténor, Arthur]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2019-10-27T23:00:00+00:00

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Une présence sur le port

Après avoir erré dans un lacis de venelles et de placettes, toutes plus sinistres les unes que les autres, nous trouvâmes enfin quelqu’un d'assez aimable pour nous guider. L’homme nous expliqua d'abord que l'accès au port n’était possible que par une poterne. L'ancien portail par lequel transitaient les marchandises arrivant par la mer était condamné depuis… L’inconnu ne sut que nous dire : «Un certain temps. » Sinon, il fallait retourner à la porte principale et contourner la ville, ce que nous ne souhaitions évidemment pas faire. Ensuite, notre guide improvisé nous conduisit à l'issue en question sans nous lâcher un mot de plus. Un garde était là qui ne gardait rien du tout, tant il était indifférent aux rares piétons qui fréquentaient le secteur. Comme à un portemanteau, nous lui confiâmes notre destrier, car celui-ci n'aurait pu nous suivre plus loin. En effet, pour traverser le rempart, il fallait descendre un escalier escarpé d’une centaine de marches, franchir un court tunnel, clos de nuit par une herse, puis parcourir un long chemin tortueux, caillouteux, malaisé. C'est ainsi que nous nous retrouvâmes sur un quai presque désert, où deux vieillards assis sur des plots d'amarrage, la pipe à la bouche, fixaient le paysage d’un air absent. Aucune fumée ne sortait de leur pipe, pas plus qu’il n’y avait d'activité sur ce port.

— Ce n'est pas eux qui vont nous renseigner, nous pouvons repartir, déclarai-je, maussade et déçu.

— Allons voir ce bateau de plus près, suggéra Lizlide.

Elle regardait l'un des trois galions amarrés les uns derrière les autres, le long de cette muraille démesurée destinée à protéger le port des colères de l'océan. En nous approchant, nous remarquâmes que le premier était manifestement le plus récent ou le mieux entretenu. Cela se voyait notamment à l'état de la coque, dont la ligne de flottaison n'était pas assaillie, contrairement aux deux autres, par les algues vertes et les coquillages. Nous serions certainement montés à bord si nous l'avions pu, mais la passerelle était tirée. Bizarrement, de nombreuses hampes le maintenaient à deux mètres du quai, comme pour éviter qu'il ne s'abîme en se frottant à la pierre du quai — Mais en ce cas, m’interrogeai-je, pourquoi ne pas placer des tampons ainsi qu'on en voit dans tous les ports du monde… des mondes ? — Cela nous conforta dans l'idée qu'il présentait davantage les caractéristiques d'un navire habité que hanté, d'autant que les deux autres ne possédaient pas ce dispositif insolite.

— J’aimerais bien voir la tête du capitaine, dis-je.

— Il est là, j'en suis sûre.

Lizlide avait capté, émanant de ce vaisseau, une vibration de vie à laquelle les elfes sont extrêmement sensibles.

— Ohé, du bateau ! m'écriai-je. Il y a quelqu'un ? Ohé !

Seul le clapotis de l'eau sur la coque nous répondit. J'insistai trois fois, puis suggérai :

— C'est inutile. Soit il est sourd comme un pot, soit il n’a pas envie de se montrer. Tant pis.

Curieusement, je n’étais pas mécontent de ne voir apparaître personne. Je

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